À un moment donné les dauphins

La frontière objective n’existe pas.
Mais les lois pour la défendre sont intransigeantes et se concrétisent par des obstacles plus que objectifs. En effet, pour défendre avec force quelque chose qui n’existe pas, il est nécessaire d’adopter le langage du pouvoir autoritaire, qui à son tour se nourrit de peur et d’intolérance et se propage ensuite à travers l’habitude. Il faut donc se rappeler que la dimension physique de cette frontière est simplement la nature : eau, terre et air; et ces trois éléments restent inchangés au-delà des divisions. On voit clairement le contraste entre l’aspect matériel de la terre et l’évanescence du concept politique de barrière qui s’avère alors ridicule. La matière compromet les règles imposées et les idéologies, toute histoire de vie humaine ayant survécu à l’ordre imposé met en lumière la médiocrité de la tentative d’empêcher ce qui est inévitable. La frontière politique, donc, en tant que forçage de ce qui est physique, emploie toutes les forces pour maintenir son ordre ; cependant, tachée de sang, elle ne gagne pas face à l’entropie naturelle de la migration humaine.